L'événement

Après l’avoir vu récemment au cinéma, le roman « l’événement » d’Annie Ernaux a enfin été sorti de ma pile à lire. Et quel évènement ! Puissant, violent sont les mots qui me viennent à l’esprit lorsque je pense à cette œuvre qui relate une courte période de la vie de l’auteure : celle de son avortement. Celui-ci est un sujet difficile à exploiter tant en littérature qu’au cinéma, et pourtant si bien représenté tant dans l’œuvre d’Audrey Diwan que dans celle d’Annie Ernaux.

Le film se focalise sur la violence de l’événement, la douleur, la difficulté d’avorter à une époque où l’avortement ne pouvait même pas être mentionné. Il rappelle, comme le roman, d’où l’on vient, c’est-à-dire d’une époque où les femmes n’avaient pas le choix, pas de droits. L’œuvre d’Audrey Diwan retourne, interpelle, pousse à la réflexion quant à des droits acquis il n’y a pas si longtemps. Mais au-delà de son sujet, le film bouleverse grâce au jeu exceptionnel de l’actrice principale, Anamaria Vartolomei. Celle-ci a d’ailleurs reçu aux César 2022, pour son rôle dans l’Événement, le prix du meilleur espoir féminin ; amplement mérité !

Mais s’arrêter au film serait passer à côté de quelque chose. Le film et le livre se complètent ; le dernier venant apporter une touche plus personnelle. En effet, l’auteure relate sa propre expérience et ne cesse d’insérer des métaréflexions sur son processus d’écriture. Dans une écriture simple et brute, elle témoigne de la difficulté de dire cet événement de sa vie, de le relater bien qu’elle en parle à une époque bien plus ouverte. Les deux œuvres se complètent, s’imbriquent, se superposent pour donner un événement.